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CONJONCTURE
2 février 2004

Chômage 2004 29 janvier 2004 Il faut examiner au

Chômage 2004 29 janvier 2004

Il faut examiner au moins cinq paramètres pour essayer d'entrevoir comment le chômage peut évoluer en 2004. Une approche plus réaliste exigerait d'y ajouter les radiations massives de l'ANPE, qui viennent de commencer, et les effets de l'insécurité économique qui commence à se propager dans toutes les couches du salariat.

Le critère le plus familier est celui de la croissance. Les instituts de conjoncture s'accordent  avec le gouvernement sur une prévision de 1,7% d'augmentation de l'activité économique. L'année 2003 ayant connu un rythme d'expansion de 0,2% seulement, la reprise économique, bien que timide, devrait être favorable aux embauches.

Un deuxième paramètre, très instable, brouille les déductions de ce que le ministre du Travail appelle fort imprudemment « le retournement  ». Dans les années soixante-dix, quand l'industrie représentait encore une part importante de la production de richesses, la croissance économique ne commençait à créer des emplois qu'au-delà d'une progression annuelle de 3%. Depuis, l'extension du secteur tertiaire et la baisse relative du coût du travail permettent d'envisager une croissance pourvoyeuse d'emplois dans une fourchette comprise entre 1,2 et 1,7%. Ce qui signifie qu'on ne sait plus exactement à quel moment la croissance est stérile et à quel moment elle devient féconde… Aux Etats-Unis, une croissance de 8 % ne crée pratiquement pas d'emplois pour la simple raison que les grandes firmes vont chercher en Inde et en Chine des emplois (informatiques notamment) très qualifiés mais moins bien payés que sur le territoire national.

L'économie française n'est pas encore parvenue à ce dilemme. Mais tout aussi inquiétant est le fait qu'elle accuse un gros retard en productivité. C'est le troisième critère. Or, les aides fiscales annoncées par Jacques Chirac pour stimuler l'investissement des entreprises vont naturellement être orientées vers les gains de productivité, c'est à dire vers la recherche de valeur ajoutée obtenue aux moindres coûts de main d'œuvre. Concrètement: en annonçant la suspension de la taxe professionnelle, Jacques Chirac a peut-être déjà torpillé sa loi de mobilisation pour l'emploi…

Le quatrième critère, à priori favorable, est démographique. C'est le début des grands départs à la retraite des salariés nés aussitôt après la deuxième guerre mondiale. Ce phénomène pourrait amortir les effets négatifs d'une croissance stérile assortie de gains de productivité destructeurs d'emplois. Cependant, nul ne peut prévoir comment ces tendances contraires s'équilibreront.

Enfin, la contrainte extérieure, symbolisée par la parité du dollar et par le cours du pétrole, agit toujours sur les anticipations des chefs d'entreprises et sur le tonus de l'économie.

Au-delà de ces cinq critères, il faut désormais prendre en considération le fait que 200 000 personnes vont être « expulsées » des statistiques du chômage en janvier. Ces chômeurs radiés en fin de droits anticipée vont sombrer dans une précarité qui restera quasiment invisible parce que non mesurée. La misère, qui s'est considérablement accrue entre 2000 et 2002, va se répandre davantage cette année. Autour d'elle, un sentiment encore diffus d'insécurité économique jamais ressenti dans ce pays.

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