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CONJONCTURE
2 avril 2004

Stratégie recadrée, Raffarin encadré, 01 avril

Stratégie recadrée, Raffarin encadré, 01 avril 2004

Recadrer l'action gouvernementale tout en poursuivant l'adaptation du pays aux évolutions mondiales. Tel était le propos du président de la République qui est intervenu à la télévision pour ordonner à son Premier ministre de réparer quatre erreurs commises au cours des derniers mois. Pour faire comprendre concrètement à Jean-Pierre Raffarin, comment il veut que les grandes réformes soient désormais réalisées, Jacques Chirac lui a interdit de recourir aux ordonnances redresser la situation financière de la Sécurité sociale. 

 

Difficile d'être plus sévère à l'égard du libéralisme dogmatique de Jean-Pierre Raffarin, dogmatisme aggravé par le manque de professionnalisme du gouvernement dont presque tous les membres ont été limogés aux lendemains des élections régionales.

 

En vieux routier de la chose publique et de la démocratie représentative, qui a été personnellement marqué par les crises de mai 68, de 1988 sur la loi Devaquet et de décembre 1995 avec les réformes Juppé, Jacques Chirac n'a pas seulement écouté les Français mécontents. Il a donné raison aux chômeurs en fin de droits, aux intermittents du spectacle et aux chercheurs contre son Premier ministre reconduit. Un premier ministre auquel il a sèchement interdit de recourir aux ordonnances pour réformer l'assurance maladie.

 

Le professionnel de la politique ne tolère pas que deux mesures impopulaires s'additionnent, par manque de coordination entre les ministères, aboutissant à jeter brutalement des dizaines de milliers de chômeurs dans la précarité. Il exige donc que soit revue et corrigée la décision de suspendre l'Allocation Spécifique de Solidarité. Le Président semble avoir mieux compris que son ancien ministre de la Culture et que son Premier ministre maintenu les raisons pour lesquelles de jeunes artistes sont révulsés par la réforme du système d'allocations de chômage des travailleurs intermittents du spectacle. Il était proprement stupéfiant d'entendre le chef de l'Etat, apparemment mieux informé que ses ministres, dénoncer les grandes entreprises –dont les chaînes de télévision publiques – comme étant les principales bénéficiaires du système remis en cause par le gouvernement. De la même manière, pétrie de bon sens mais cinglante pour l'ancien gouvernement, il a estimé « conforme à l'intérêt national » les aspirations des chercheurs auxquels ont été retirés les crédits votés par la Parlement.

 

Enfin et surtout, il y a le désaveu du recours aux ordonnances sur lesquelles Jean-Pierre Raffarin fondait ses espoirs de faire passer, l'été prochain, sans trop d'agitations dans les rues, une réforme de la Sécurité sociale qui s'annonce plus difficile que la réforme des retraites. C'est une véritable leçon de culture politique qui a été assénée au Premier ministre à travers le rappel aux fondations du système de protection collective. Il y a de la lucidité, et de la dignité, à empêcher que le Pacte Social érigé en 1945 soit modifié en douce et sans discussion pendant les vacances. Jacques Chirac ne se fait sûrement pas d'illusions sur la possibilité d'obtenir avec les syndicats et les partis de gauche un consensus sur une réforme qui met en jeu d'énormes intérêts antagonistes : ceux des entreprises pharmaceutiques, des médecins, des cotisants et des assujettis. Mais, au moins, il aura ouvert un débat que Jean-Pierre Raffarin avait tenté de verrouiller avec la procédure des ordonnances.

 

Quatre hommes ont été désignés comme symboles de l'action gouvernementale ainsi recadrée: Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin, Philippe Douste-Blazy et Jean-Louis Borloo. Ce sont apparemment les valeurs sûres de la deuxième partie du quinquennat. Avec ou sans Raffarin.

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