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CONJONCTURE
8 avril 2004

EDF reconfigurée pour le cas où... 06 avril 2004

EDF reconfigurée pour le cas où... 06 avril 2004

 

Les engagements formels pris par Nicolas Sarkozy sur l'avenir d'EDG-GDF et celui des salariés des groupes énergétiques sont de nature à dissiper partiellement les craintes des syndicats à propos de possibles privatisations.

 

L'hypothèse d'une privatisation n'est jamais totalement exclue dès lors que l'évolution de la nature juridique des anciens monopoles les facilitent. Sans remonter jusqu'au démantèlement de l'ORTF qui a abouti à la privatisation de TF1 treize ans plus tard, les cas d'Air France et de France Telecom décrivent les conséquences logiques d'un changement de statut. L'enchaînement s'effectue ainsi : le service public devient établissement public à caractère industriel et commercial puis société anonyme avec une participation de l'Etat de plus en plus minoritaire.

 

Cette métamorphose s'exprime en glissements sémantiques particulièrement subtils quand un gouvernement de gauche n'ose pas avouer qu'il va privatiser. Il proclame d'abord un tonitruant « ni-ni » ( ni nationalisation, ni privatisation) qui se présentecomme la garantie de pérennité de l'économie mixte dans laquelle les Français vivent depuis la Libération. Puis il injecte un vocabulaire écologiste dans le mécano industriel en invoquant la nécessité, en général imposée par Bruxelles, d'une « respiration » du secteur public. La « respiration » en question n'est jamais que la traduction, en langage de gauche, de l'expression « ouverture du capital » que la droite, moins hypocrite en l'occurrence, utilise sans mauvaise conscience. Après quoi, le secteur public « respire »  de  plus en plus jusqu' à ce que les capitaux privés deviennent majoritaires.

 

Dans le cas d'EDF et de GDF, une privatisation n'est pas exigée par la Commission européenne dans la mesure où les deux groupes se soumettent à la concurrence. Ce sera le cas en juillet prochain quand les entreprises pourront choisir leurs fournisseurs en énergie.

 

L'ouverture du capital pourrait être décidée par le seul gouvernement français pour trouver de l'argent à des fins précisément définies par Bruxelles: le produit de la vente des « bijoux de famille » ne peut servir qu'à désendetter le secteur public, c'est à dire indirectement l'Etat qui subventionne, mais pas à équilibrer un budget ou à financer de nouvelles dépenses. Actuellement, et pour peu que le climat boursier s'y prête, l'Etat pourrait empocher 55 milliards d'euros en privatisant dix entreprises dans lesquelles il détient des participations d'importances variables.

 

EDF et GDF ne figurent pas  à l'inventaire des actifs à céder pour réduire une dette publique qui s'élève à 64% de la richesse nationale et qui pourrait monter jusqu'au taux aberrant de 67% dans les deux années qui viennent. C'est la raison pour laquelle si la privatisation formelle est exclue par crainte d'un affrontement social, l'ouverture du capital est inéluctable. Le changement de statut s'impose pour permettre de recapitaliser les groupes energétiques mais il correspond au scénario qui aboutit à la privatisation de France Telecom. Dans un premier temps, le statut de l'entreprise est modifié mais celui des salariés en place est préservé. L'embauche de salariés relevant de ce statut est arrêtée. Seuls sont embauchés des salariés relevant du statut d'une entreprise privée. Quelques années plus tard, les salariés "bénéficiant" de l'ancien statut de l'établissement public sont invités à aller travailler dans l'Administration pour garder leur statut...de fonctionnaire. Alors, la privatisation peut s'accélerer.

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