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CONJONCTURE
12 avril 2004

La vraie stature de Sarkozy, 12 avril 2004 Après

La vraie stature de Sarkozy, 12 avril 2004

Après les effets d'annonce liés à son intronisation, Nicolas Sarkozy devrait accomplir cette semaine les premiers actes concrets de sa nouvelle mission en négociant la vente d'une partie de l'or de la Banque de France. Après quoi, le ministre de l'Economie préparera un budget 2005 extraordinairement difficile, tout en essayant de limiter les dérapages du budget 2004.

 

N'ayant aucune prise sur les facteurs extérieurs déterminants que représentent l'activité économique mondiale, le prix du pétrole, la parité entre l'euro et le dollar et les taux d'intérêt, Nicolas Sarkozy a décidé d'agir sur un des paramètres qu'il peut contrôler: la confiance des ménages pour les inciter à consommer afin de soutenir une croissance hésitante. A cette fin, il ajoute à son aura personnelle, des techniques psychologiques empruntées à quatre de ses prédécesseurs : Pinay pour la gestion de "père de famille", Giscard pour la communication pédagogique, Barre pour la tenue rigoureuse du budget, Balladur pour la dimension "capitalisme populaire" des privatisations.

 

La vente de 100 tonnes d'or, sur 3 024 tonnes détenues par la Banque de France, ne rapporterait qu'un milliard d'euros, soit le millième de la dette publique. La portée pédagogique de ce geste n'en serait pas moins importante. Pour rétablir la confiance, Antoine Pinay avait indexé son emprunt sur l'or qui était alors le refuge suprême. Autres temps, autres signes: l'or fait aujourd'hui partie de ces actifs dormants dont Nicolas Sarkozy veut délester l'Etat.

 

Dans le même ordre d'idées, la puissance publique devrait mettre 12 millions de mètres carrés de bureaux sur le marché de l'immobilier. Puis un tiers du capital de la SNECMA  sera introduit en bourse en même temps qu'une nouvelle tranche de France Telecom. A elles seules, ces deux opérations ouvertes aux particuliers pourraient rapporter près de 10 milliards. Le CAC 40 ayant progressé de 30% en un an, le gouvernement se hâtera de vendre d'autres participations, dont la participation de 35 % de la Caisse des dépôts et consignations dans les Caisses d'épargne, pour 10 milliards supplémentaires, soit un total de 20 milliards en quelques mois alors que le budget 2004 ne prévoyait que 4 milliards de recettes procurées par les privatisations. Une partie des 16 milliards supplémentaires servira à consolider le capital d'entreprises publiques, notamment GIAT Industries et la DCN, l'autre partie devrait freiner la dérive d'une dette publique qui dépasse 1045 milliards. Les intérêts de cette dette coûtent, à eux seuls, 40 milliards par an, soit 80% de ce que rapporte l'impôt sur le revenu, soit encore le deuxième budget civil après celui de l'Education nationale.

En même temps que ces ventes destinées à montrer que le gouvernement s'attaque au problèmes structurels, Nicolas Sarkozy gèlera 4 milliards dans un budget 2004 dont le déficit dérape vers 4,1 % du PIB alors que la France s'était engagée à le ramener à 3,6 %. 

 

C'est au cours des quinze prochains jours, que le nouveau ministre de l'Economie donnera la véritable mesure de sa stature politique, lorsqu'il rédigera les lettres de cadrage pour le budget 2005. Un budget "impossible" s'il prétend prendre en compte simultanément la pente abrupte des déficits, les exigences structurelles des ministères régaliens et des ministères politiquement prioritaires, les engagements fiscaux du candidat Jacques Chirac et les inflexions sociales récemment imposées par le président de la République. 

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Commentaires
S
Enfin quelqu'un qui a quelque chose à dire !! Merci.
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