Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CONJONCTURE
2 février 2004

Consommateurs 27 janvier 2004 Entre

Consommateurs 27 janvier 2004

Entre l'intervention étatique face aux risques alimentaires et la récupération altermondialiste, le pouvoir des consommateurs semble évanescent. En réalité, s'il n'a pas pu adopter des formes d'expression aussi visibles que celles de la mouvance écologiste, née en même temps, le « consumérisme »  reste très actif dans les instances européennes et sur internet.

Le rôle de l'Etat est une des principales explications à la faible capacité d'intervention des organisations de consommateurs en France. De 1945 à 1993, les pouvoirs publics n'ont jamais cessé de préciser les droits des clients et usagers. Enfin et surtout, une grande puissance agro-alimentaire ne peut pas s'en remettre au monde associatif pour faire face aux périls massifs représentés par les poulets à la dioxyne,  la « vache folle » ou la tremblante du mouton. Tandis que la loi encadrait les aspects commerciaux, l'expertise sen matière de sécurité s'est naturellement concentrée dans l'appareil d'Etat. Il ne restait plus aux associations de consommateurs qu'un petit espace de conseil juridique. Espace insuffisant pour justifier l'activisme féroce de l'avocat Ralph Nader qui a terrorisé, naguère, les plus grandes firmes automobiles américaines.

Par ailleurs, à la différence des mouvements écologistes qui peuvent cristalliser des courants d'opinion significatifs en organisant des évènements spectaculaires pour les médias, les associations de consommateurs ne disposent que du boycott comme moyen de pression ou de rétorsion. Les syndicats de salariés ont laissé passer l'occasion de sanctionner les industriels qui délocalisaient leurs productions afin de contenter leurs actionnaires : lorsqu'un fabricant d'aspirateurs a quitté la Côte d'Or pour l'Irlande, un appel au boycott de ses appareils aurait eu une valeur dissuasive. Le cours des actions de Danone a été déstabilisé après les fermetures d'usines LU et les initiateurs du boycott ont été menacés par les avocats du groupe, preuve d'une réelle inquiétude. Privées de moyens d'action spectaculaires, les organisations de consommateurs n'ont pas, comme les chasseurs ou les écologistes, de débouchés politiques à travers une capacité de nuisance électorale. Du coup, les altermondialistes tentent d'embrigader une partie de la sensibilité « consommériste » dans leur croisade anti-américaine à travers le commerce équitable, forme de marketing caritatif.

Outre une salutaire pédagogie du discernement dans les achats assurée par des revues spécialisées, c'est dans les instances européennes que les associations internationales de consommateurs font intervenir leur expertise, sur les colorants de certains jouets par exemple. La Commission de Bruxelles les consulte d'autant plus volontiers que, sur les OGM notamment, lesdites associations aident à légitimer des mesures de protection sanitaires et commerciales.

Enfin et surtout, internet joue un rôle considérable sur les marques et les réputations. A partir du livre culte « No Logo »(1), de grandes firmes transnationales ont été gravement atteintes par des campagnes menées sur le web. D'autres ont été condamnées pour publications financières mensongères en essayant de se justifier. Toutes les marques font désormais très attention à ce que se dit sur les forums.

(1) « No Logo » , Naomi Klein, éditions Babel –Actes Sud 2001, 2002

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité