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CONJONCTURE
2 février 2004

Services publics 18 janvier 2004 Les trois

Services publics 18 janvier 2004

Les trois conflits sociaux qui se succèdent cette semaine ont en commun la particularité de poser la question de la rentabilité des services publics, de leur efficacité et du statut de leurs salariés.

Parmi les multiples contentieux qui opposent la Commission européenne à la France, le dossier EDF coûte cher. Paris est condamné à rembourser 1,2 milliards d'euros d'aides indues et à transformer l'actuel Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial en une société anonyme. Cette métamorphose pose trois problèmes : la réforme du système de retraite des agents d'EDF, l'ouverture le 1er juillet prochain de la concurrence sur le marché des PME et des collectivités territoriales et une éventuelle privatisation de l'entreprise. Bruxelles n'exige pas cette solution mais l'Etat français a besoin d'argent. Francis Mer étant resté évasif, les syndicats ont de bonnes raisons d'envisager la privatisation. Or, l'exemple de France Télécom montre que toute ouverture du capital d'un groupe public très endetté s'accompagne fatalement de suppressions d'emplois massives. Et l'endettement d'EDF atteint un niveau insupportable pour une entreprise publique.

A la SNCF, les exigences de la Commission se manifestent de manière indirecte. La pression de Bruxelles sur les déficits publics amène l'Etat à exiger de ses entreprises une réduction des coûts et des gains de productivité. D'où le désaccord sur les salaires des cheminots et l'annonce de 3500 suppressions d'emplois.

Au cœur du malaise qui persiste depuis plusieurs années dans les hôpitaux, la réforme conçue par Jean-François Mattéi contient également une volonté de réduire les coûts. Elle est perceptible dans le regroupement des services traditionnels au sein d'unités plus larges, appelées « pôles d'activités », et dont les responsables devront négocier leur budget avec la direction de l'établissement. Là encore, la question du service public est posée à travers la « culture du résultat » que le ministre veut imposer à des personnels qui dénoncent l'introduction du principe de la tarification à l'activité.

Aux bouleversements qui se préparent dans les secteurs de l'énergie, des transports ferroviaires et des hôpitaux, les syndicats peuvent opposer de fâcheux exemples de libéralisation. La grande panne électrique qui a paralysé la Californie est à mettre au passif de la gestion privée d'une activité aussi cruciale. De la même manière, la re-nationalisation des chemins de fer britanniques apporte la preuve que les actionnaires privés s'intéressent moins aux investissements qu'à leurs dividendes; des voyageurs sont morts du manque d'entretien du réseau. Enfin, le culte de la rentabilité donne lieu, dans les hôpitaux américains, à une atroce répartition de la possibilité de guérir ou de mourir selon que le patient a souscrit, ou non, à une assurance privée très chère.

Au-delà des conflits qui recouvrent sans doute aussi des crispations sur des droits acquis à des époques révolues, les Français devraient être consultés sur le choix entre, d'une part, des services publics fiables dont ils supporteraient les surcoûts comme contribuables et, d'autre part, des allègements d'impôts qui reviennent à confier leur sécurité à des intérêts privés. C'est peut-être LE débat national du moment. L'arbitrage des citoyens-usagers éviterait une confrontation stérile entre le libéralisme bruxellois et le corporatisme syndical avec, au milieu, un gouvernement exposé aux échéances électorales.

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