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CONJONCTURE
23 mars 2004

Bruxelles veut "réguler" Microsoft, 23 mars 2004

Bruxelles veut "réguler" Microsoft, 23 mars 2004

 

En infligeant une amende historique à la firme Microsoft pour abus de position dominante, la Commission de Bruxelles donne une leçon de régulation libérale aux Etats-Unis. Cette leçon est d'autant plus facile à administrer que l'Europe ne dispose pas d'une industrie logicielle susceptible de rivaliser avec les groupes américains qui ont construit et gèrent l'univers de l'informatique et des réseaux.

 

Pour bien apprécier la portée d'un procédure qui risque de se prolonger sur plusieurs années, il faut comparer les ordinateurs à des usines, les systèmes d'exploitation à des contremaîtres et les logiciels à des ouvriers. Le point de départ de tous les litiges passés et à venir réside dans le fait qu'avec ses systèmes d'exploitation Windows, Microsoft fait tourner 96% des ordinateurs en activité sur la planète.

 

Quand il est critiqué sur ce quasi-monopole, Bill Gates, le fondateur de Microsoft, répond que cette situation est le résultat d'un effort jamais relâché en recherche et développement. Quand on lui dit que les consommateurs doivent pouvoir choisir, il réplique qu'ils ont déjà choisi et que sanctionner la réussite d'un produit est anti-libéral. Quand on lui fait valoir que seule la concurrence favorise le progrès, sa réponse trahit une obsession hégémonique : les systèmes Windows ont progressé sans concurrence…

 

L'ennui, c'est que la concurrence est vive sur le marché des logiciels. Prenant volontiers la posture du visionnaire des réseaux électroniques, le milliardaire aux allures d'étudiant s'est, dans le passé, lourdement trompé. Quand il n'a pas cru à l'essor d'internet, par exemple. Plus lucide, une petite société californienne avait développé un logiciel de navigation, Netscape, qui a humilié Microsoft.

 

C'est alors que les abus de position dominante ont commencé. Microsoft a installé d'office ses logiciels dans ses systèmes d'exploitation, interdisant en quelque sorte à d'autres « ouvriers » de faire travailler les ordinateurs. L'administration Clinton et 19 états américains ont poursuivi Microsoft en justice mais, l'Amérique n'étant libérale que quand ça l'arrange, l'administration Bush a conclu un arrangement:  Bill Gates avait contribué plus substantiellement au financement de la campagne du candidat républicain qu'à celle du candidat démocrate. Entre-temps, le navigateur Netscape avait été pratiquement éliminé par celui de Microsoft.

 

C'est ce qui est en train de se reproduire avec les lecteurs de musiques et d'images numériques. Microsoft ne permet pas vraiment à l'acquéreur d'un ordinateur de choisir entre l'application Windows Media Player et sa concurrente RealNetworks qui est inéluctablement marginalisée.

 

Le plus intéressant dans la leçon de régulation libérale prodiguée par la Commission de Bruxelles n'est pas le montant de l'amende – 497 millions d'euros - la plus élevée dans les annales des sanctions européennes, car cette somme ne représente qu'une petite dépense par rapport aux 40 milliards d'euros disponibles dans le tiroir caisse de Bill Gates.

 

La vraie contrariété, c'est l'obligation que veut lui imposer Bruxelles d'ouvrir son prochain système d'exploitation, « Longhorn », à toutes les applications à venir. 

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