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CONJONCTURE
16 février 2004

Quand rôdent les "repreneurs" 16 février 2004

Quand rôdent les "repreneurs" 16 février 2004

L'agonie d'Air Littoral rappelle les soubresauts qui avaient précédé la fin d'Air Lib. Avec dans le cas de la compagnie du Sud Est, un « repreneur » plus politique que ne le fut le prédateur hollandais d'Air Lib.

 

Dans le cas d'Air Littoral comme dans celui d'Air Lib, les danses macabres des repreneurs potentiels ont grandement perturbé la lisibilité du dossier. Après l'élimination du fonds d'investissements italien Seven Group qui prétendait investir onze millions d'euros, un repreneur se réclamant du « groupe Duménil » se faisait fort d'apporter quinze millions d'euros, avant de se désister à la dernière minute. Et c'est cette « dernière minute » qui explique la mort pré-électorale d'Air Littoral. 

 

L'entité Duménil possède des actifs dans l'immobiliser et dans le prêt à porter, ce qui ne la destine pas particulièrement à la gestion d'une firme de transport dans les circonstances difficiles que connaît l'aviation commerciale. Le Conseil Supérieur de l'Aviation Marchande avait d'ailleurs estimé que la faiblesse des fonds propres du « groupe » Duménil aurait fait peser de grands risques sur la pérennité d'Air Littoral.

Quant à la décision de la Direction Générale de l'Aviation d'immobiliser les avions en invoquant la sécurité des passagers, elle est peu compatible avec les audits et les contrôles permanents en vol et au sol, mais elle peut s'expliquer par la récente catastrophe aérienne de Charm El Cheikh. Il faut se souvenir en effet que l'autorité française de régulation du transport aérien a été très ennuyée, c'est un euphémisme, lorsque son homologie suisse a révélé une insuffisance de maintenance. Un principe de précaution poussé l'extrême peut se comprendre.

 

Mais les principaux ingrédients du drame social sont à rechercher dans la politique locale. Marc Dufour, ancien dirigeant d'Air Littoral, fait campagne sous l'étiquette UDF contre l'UMP Jacques Blanc qui est présenté comme "le fossoyeur" d'Air Littoral. Tout comme le sénateur UMP Jean-François Legrand, président du Conseil Supérieur de l'Aviation Marchande, avait été présenté comme l'instrument du gouvernement lorsque des doutes avaient été émis sur l'assise financière de la « solution Duménil ». Or, on ne voit pas pourquoi un ministre des transports appartenant à l'UDF (Gilles de Robien) aurait immobilisé les avions d'Air littoral, empêchant ainsi le candidat UDF Marc Dufour d'apparaître comme le sauveur de la compagnie régionale.

 

La vraie question à se poser est plutôt de savoir quel rôle aura joué le « groupe » Duménil pour essayer de faire apparaître l'UDF Marc Dufour comme le sauveur jusqu'à « la dernière minute ». C'est à dire, en fait, jusqu'aux lendemains des élections régionales. La fin d'Air Littoral eût été post-électorale.

 

Le brouillage politicien étant dissipé, restent les problèmes de fond. Entre la concurrence du Train à Grande Vitesse sur des distances moyennes et celles des compagnies à coûts très bas, il n'y a plus d'espace de viabilité pour les transporteurs classiques de petite envergure. Air France, qui a conquis sa taille planétaire de premier plan depuis son rapprochement avec KLM , n'est guère affectée par la disparition d'Air Littoral. La Commission de Bruxelles l'oblige même à céder une centaine de créneaux horaires à la concurrence.

                                        

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